Verre ciselé, parfum de menthe Nanah et cliquetis de théière : le thé à la menthe n’est pas qu’une boisson, c’est un art du temps long qui traverse les dunes, les patios andalous et les salons parisiens. Depuis Casablanca jusqu’aux rooftops de Paris en 2025, ce rituel d’hospitalité séduit autant les amateurs de grands crus – de Mariage Frères à Les Jardins de Gaïa – que les néophytes qui glissent un sachet Lipton dans leur mug. Un geste universel, plusieurs écoles, un seul impératif : équilibrer amertume, douceur et fraîcheur. Voici comment reproduire ce cérémonial à la maison, choisir la bonne feuille, maîtriser l’infusion et accorder le tout à quelques douceurs orientales.
Origines et symbolique du thé à la menthe maghrébin
Introduit au XIXe siècle par les marchands britanniques, le thé est rapidement devenu le cœur battant des médinas. Entre l’appel du muezzin et le grondement des souks, la boisson ponctue :
- Les négociations commerciales : un verre scelle les accords.
- Les fêtes religieuses : notamment le ftour du Ramadan.
- Les visites familiales : refuser un thé revient à décliner l’amitié.
En 2025, les salons de dégustation misent sur des crus d’exception – Gunpowder bio de Thé de la Pagode ou Lapsang Souchong fumé de Dammann Frères. Cette tradition inspire même la mixologie : certains bars infusent la menthe dans du gin maison, écho aux conseils de Comment faire du gin ?.
Pourquoi la menthe ?
Les herboristes rappellent que la menthe poivrée favorise la digestion. Au Maghreb, la variété Nanah domine pour son arôme rond et peu piquant. Si vous manquez d’herbes fraîches, jetez un œil aux solutions de substitution détaillées dans Par quoi remplacer l’estragon ? : les mêmes principes d’équivalence aromatique s’appliquent.
Comment faire du thé à la menthe traditionnel, étape par étape
Hakim, torréfacteur pour La Compagnie Coloniale, résume les règles : « Eau frémissante, thé rincé, menthe généreuse, sucre perlé ». Son protocole se décline ainsi :
- Rincer le thé : 2 c. à s. de thé noir ou vert (Gunpowder) passées sous un filet d’eau tiède.
- Infuser : 480 ml d’eau bouillante, 2 minutes maximum pour éviter l’astringence.
- Suer la menthe : ajouter un bouquet frais et 3 c. à s. de sucre.
- Aérer : transvaser six fois entre théière et pot pour oxygéner.
- Mousser : agiter 5 cl de thé dans une bouteille puis reverser la mousse.
- Avec un samovar Twinings, maintenez 85 °C pour le service continu.
- Envie de douceur ? Remplacez le sucre par du miel comme dans la boisson « cherbet ». Consultez comment faire eau-de-vie pour maîtriser les sirops aromatiques.
Si vous recherchez une dégustation plus végétale, testez la référence « Euphoria » de Kusmi Tea composée de maté et menthe, idéale en version glacée.
Techniques d’infusion avancées pour un goût authentique
Les puristes, comme le maître de thé Abdelkader Ben Damya, recommandent un contrôle précis des variables :
- Température : 80–85 °C pour le thé vert, 90 °C pour le noir.
- Teneur en minéraux : eau filtrée à 50 ppm pour limiter l’amertume.
- Matériel : théière en argent pour la conduction, verre pour observer la couleur.
Trois astuces affûtées :
- Placer la menthe au-dessus du sucre afin que le liquide bouillant « blanchisse » les feuilles sans les cuire.
- Pour un thé corsé à l’algérienne, ajouter quelques gouttes d’eau de fleur d’oranger.
- Besoin d’une note boisée ? Des pignons grillés flottants comme en Tunisie.
Vous aimez expérimenter ? Remplacez la menthe par du basilic thaï, en suivant les conseils de substitution aromatique proposés dans Par quoi remplacer le thym ?. Le résultat surprend lors d’un brunch contemporain.
Variantes régionales et accords gourmands
Le thé à la menthe voyage : chaque frontière ajoute sa signature.
- Maroc : thé vert Gunpowder, sucre abondant, mousse haute.
- Algérie : thé noir plus robuste, touche de cannelle, parfois des amandes.
- Tunisie : sucre brun et pignons flottants.
- Mauritanie : trilogie d’infusions, de l’amer au doux.
Côté gourmandises, sortez un plateau de :
- Makrout à la datte, frit puis roulé dans le miel.
- Griwech, la fleur enrubannée parfumée à la fleur d’oranger.
- Harcha marocaine, galette de semoule idéale pour absorber la mousse.
- Bradj, cousin algérien grillé qui rappelle les recettes à base de fleurs pollinifères évoquées ici : fleurs pollinifères.
Envie d’une touche créative ? Inspirez-vous de la tendance « tea pairing » et servez votre thé glacé avec un papillon de charcuterie : le gras du jambon cru répond à la fraîcheur mentholée.
Questions fréquentes sur le thé à la menthe
Faut-il absolument utiliser du sucre blanc ?
Non. Vous pouvez sucrer au miel, au sucre de canne ou à la stévia. Le miel de fleurs d’oranger sublime particulièrement un thé issu de la maison Palais des Thés. Pour calibrer la douceur, comptez :
- 1 c. à c. de miel pour 150 ml de thé.
- Ou 4 g de sucre de canne pour la même quantité.
Puis-je employer un sachet de thé industriel ?
Oui, mais choisissez un mélange sans arômes artificiels : la gamme Bio Collection de Twinings ou les sachets Damya « Grand Maghreb » offrent une base correcte. Utilisez deux sachets pour un demi-litre afin d’obtenir la densité attendue.
Comment éviter l’amertume quand je prépare de grandes quantités ?
Respectez ces points :
- Rincez toujours le thé.
- N’infusez pas au-delà de 3 minutes.
- Diluez avec de l’eau chaude si la première dégustation est trop corsée.
Peut-on servir un thé à la menthe froid ?
Oui. Infusez à chaud, laissez refroidir puis ajoutez des glaçons de jus de citron. Pour une version cocktail, suivez les ratios de préparation anticipée de mojito en remplaçant le rhum par du thé concentré.
Quelle alternative si je n’ai pas de menthe fraîche en hiver ?
Utilisez de la menthe séchée ou testez la sauge ananas ; son profil aromatique se rapproche de la menthe. Pour d’autres remplacements botaniques, parcourez Par quoi remplacer l’aneth et Par quoi remplacer l’hélichryse italienne.











