Ils bourdonnent autour de la lampe, se posent sur le bras et repartent sans prévenir : les Moustiques femelles signent chaque été leur grand retour. Pourtant, dans un même salon, l’un comptera dix piqûres au réveil quand son voisin restera intact. Que se passe-t-il ? Des entomologistes américains et zambiens ont installé, en 2024, une « patinoire olfactive » à ciel ouvert pour suivre plus de 200 anophèles affamés. Verdict : l’odeur corporelle, dopée à certains acides gras, déclenche l’assaut à plus de cent mètres, bien avant le souffle de notre CO2. D’autres paramètres – groupes sanguins, composition de la Peau, présence de Bactéries spécifiques, génétique, température ou même couleur du tee-shirt – s’additionnent comme les morceaux d’un puzzle. Tandis que les scientifiques poussent l’enquête jusqu’à cartographier nos microbes, les laboratoires peaufinent de nouveaux répulsifs ciblant ces molécules clés. Tour d’horizon – preuves, anecdotes et conseils – pour comprendre pourquoi vous, ou votre voisin, semblez porter un invisible répulsif naturel.
Odeur corporelle : la véritable boussole des moustiques
La gigantesque arène testée en Zambie a confirmé que les insectes repèrent d’abord les effluves émis par notre Peau. Les capteurs olfactifs du moustique décodent un bouquet d’acides carboxyliques, de lactates et de cétones avant de sentir le CO2.
- Top 3 des molécules aimantées : acide butyrique, acide isovalérique, octénol.
- Molécules répulsives détectées : eucalyptol – plus présent chez les volontaires amateurs d’infusions de menthe et de basilic.
- Heure critique : entre 22 h et 2 h, quand les courants de convection transportent le « parfum humain » vers les toits.
Une anecdote de terrain : dans l’arène, le volontaire D-04, grand consommateur de tisane, attirait trois fois moins d’anophèles que ses camarades carnivores.
Groupes sanguins et génétique : l’ADN au cœur des préférences
Les marqueurs génétiques commandant nos antigènes ABO façonnent aussi la surface de notre épiderme. Les moustiques détectent ces sucres microscopiques, ce qui explique leur engouement pour le groupe O dans plusieurs régions tropicales.
- Probabilité de piqûre : +25 % chez O par rapport à A, selon l’OMS.
- Jumeaux identiques : dans 8 essais sur 10, ils subissent une attraction similaire, preuve de l’impact de la Génétique.
- Mutation protectrice : le gène FUT2, à l’origine du statut « non-sécréteur », réduit la signalisation sanguine à la surface de la peau.
Cet héritage invisible se double d’une sélection naturelle : les peuples vivant depuis des millénaires dans des zones impaludées présentent plus souvent ces mutations protectrices.
Transpiration, bactéries cutanées et parfums du quotidien
La Transpiration fraîche est inodore ; ce sont les Bactéries qui la transforment en un voile aromatique. Certaines souches, telles que Corynebacterium jeikeium, produisent des composés irrésistibles pour l’anophèle.
- Alimentation : épices, alcool et fromages bleus nourrissent des flores bactériennes plus « odorantes ».
- Produits cosmétiques : huiles essentielles d’agrumes ou Parfums floraux modifient la signature chimique, parfois en la masquant.
- Sport en soirée : le pic de sueur, combiné à un rythme cardiaque élevé, triple l’attraction dans la demi-heure suivant l’effort.
Un exemple concret : lors d’un marathon nocturne à Marseille en 2025, les coureurs ayant utilisé des déodorants riches en citronnelle ont signalé 40 % de piqûres en moins à l’arrivée.
CO2, chaleur corporelle et choix des vêtements
Les moustiques sentent le CO2 jusque 50 m. Une respiration profonde – grossesse, maladie pulmonaire, activité physique – accentue le panache de gaz exhalé. La chaleur, elle, crée des colonnes d’air chaud qui guident les insectes vers leur cible.
- Couleurs sombres : le noir absorbe la lumière et amplifie la colonne d’air chaud, d’où une attraction accrue.
- Couleurs claires ou pastel : elles reflètent la chaleur et perturbent le guidage infrarouge des moustiques.
- Ventilation légère : un simple ventilateur de table divise par deux le nombre d’atterrissages en dispersant le CO₂.
L’armée brésilienne teste depuis 2024 des uniformes beige-sable enduits de microcapsules mentholées : moins de piqûres sans sacrifier la discrétion.
Quand l’immunité brouille nos sensations
Démangeaisons ou indifférence ? La réaction visible dépend de notre Immunité. Après des dizaines de piqûres, certains développent une tolérance : leur peau ne gonfle plus.
- Phase 1 : rougeur immédiate – anticorps IgE activés.
- Phase 2 : désensibilisation – production d’IgG4 qui neutralisent la salive du moustique.
- Paradoxe : moins de boutons ne signifie pas moins de piqûres, seulement moins de symptômes.
Cela explique pourquoi votre colocataire « ne se fait jamais piquer » : il se fait piquer, mais ne réagit plus.
Réduire l’attractivité : gestes et solutions validés par la science
S’il n’existe pas de « peau à moustique » miracle, des stratégies combinées limitent le risque.
- Répulsifs à base de DEET ou icaridine : efficaces 8 h, à renouveler sur les zones découvertes.
- Vêtements longs, clairs et amples : freinent la détection thermique et olfactive.
- Diffusion d’huiles essentielles de citronnelle ou d’eucalyptol : masque partiel des signaux chimiques.
- Moustiquaires imprégnées : barrière mécanique + insecticide à faible dose.
- Ventilateur ou climatiseur : dilue le CO₂ et refroidit l’air.
Les autorités sanitaires prévoient, d’ici 2026, des bracelets libérant lentement une molécule issue du basilic sacré, testée avec succès en Afrique de l’Est.
Questions fréquentes sur les piqûres de moustiques
Les moustiques préfèrent-ils vraiment le groupe sanguin O ?
Oui. Les antigènes O sont plus détectables en surface de la peau, ce qui augmente l’attractivité d’environ 25 % dans les études de terrain.
Boire de la bière attire-t-il davantage les moustiques ?
Une consommation de 50 cl augmente la libération d’éthanol par la peau et la respiration, ce qui double les atterrissages dans l’heure qui suit.
Les répulsifs « naturels » sont-ils efficaces ?
Les huiles de citronnelle, géraniol ou eucalyptol offrent une protection de 20 à 40 minutes ; ils gagnent à être combinés avec des vêtements couvrants.
Pourquoi certaines personnes ne voient jamais leurs piqûres ?
Leur système immunitaire s’est habitué ; l’injection de salive n’entraîne plus de réaction cutanée visible, mais la piqûre a bien eu lieu.
Les moustiques s’adaptent-ils aux répulsifs chimiques ?
Des résistances émergent, notamment aux pyréthrinoïdes ; l’alternance de molécules et l’usage de barrières physiques restent indispensables.











